• Agressions d’enseignants dans les établissements scolaires maghrébins

    Les attaques ciblant les enseignants et la vague de violence envahissant les établissements scolaires au Maghreb arabe, et dans le monde entier, ne sont plus un mystère.

    Ce phénomène s’est propagé dans des proportions alarmantes, à tel point qu’il est devenu presque menaçant pour la sécurité des écoles et leurs environnements. Chaque mois, on entend parler d’un nouvel acte d’agression ou de harcèlement contre des enseignants ou autres membres du personnel éducatif dans plusieurs écoles. Ces attaques atteignent parfois un niveau élevé de danger, en frappant, blessant, facturant des parties du corps, ou conduisant à l’incapacité permanente des victimes. Les exemples sont nombreux, et plusieurs d’entre eux sont présentés devant les tribunaux.

    Dans ce contexte, le Ministère marocain de l’éducation nationale à collaboré en 2006 avec la Direction générale de l’UNESCO à Rabat, sur une étude portant sur la violence dans les écoles marocaines. Les résultats de cette étude ont démontré que la violence dans les écoles marocaines prend de nombreuses formes, y compris :

    + La violence contre enseignants, étudiants, personnel administratif et personnel de l’école.

    + La destruction des contenus des classes.

    + Les dégâts causés aux installations de l’école.

    + Les émeutes devant et en dehors des écoles, se manifestant parfois par le jet de pierres sur les voitures des enseignants.

    + Le vol et brûlage des documents et biens appartenant à l’établissement scolaire.

    Cela se produit malgré l’existence de plusieurs circulaires indiquant les sanctions punissant ces infractions et délits.

    Ce qui est nouveau dans cette affaire, cependant, est que les attaques contre les enseignants et d’autres membres du personnel des établissements scolaires, ne se limitent plus aux étudiants de ces institutions. D’autres parties s’impliquent dorénavant dans ces agressions, tels les parents de certains élèves, ou d’autres personnes qui sèment la terreur à l’extérieur et autour des écoles. Cela est particulièrement vrai pour les anciens élèves qui ont été expulsés et empêchés de terminer leurs études en raison de leur violence et comportements inappropriés à l’égard de leurs enseignants ou des institutions qu’ils fréquentaient.

    La violence et les attaques contre les enseignants et le personnel éducatif dans les écoles est un phénomène complexe. La violence à l’école est un phénomène qui n’est ni isolé ni unique ; c’est plutôt une affaire impliquant étudiants, enseignants, éducateurs, parents, voisins et autres acteurs. Tout le monde a une part de responsabilité concernant la sécurité, ainsi que la violence et les agressions à l’école et dans son environnement.

    La violence peut être générée par l’interaction de toutes ces parties, le conflit de leurs intérêts et le chevauchement de leurs objectifs. Ainsi, les questions suivantes se posent :

    - Les écoles maghrébines garantissent-elles actuellement l’égalité entre les élèves ?

    - Les écoles de ces pays ont-elles toutes des programmes standards ayant des objectifs clairs ?

    - Le système éducatif dans ces écoles prend-il en compte les différences sociales entre les différentes catégories d’étudiants ?

    - La discrimination flagrante entre les écoles publiques contrôlées par l’Etat, et les écoles privées contrôlées par des propriétaires privés, n’est-elle pas un facteur d’approfondissement de discrimination et d’aggravation des écarts de classes entre les différents groupes d’étudiants ? Certaines études sur le sujet ont souligné qu’il existe un lien étroit entre la violence à l’école et l’appartenance sociale des étudiants. Les enfants issus notamment des bidonvilles et des quartiers marginaux dans les villes, sont plus enclins à manifester des comportements violents dans leurs relations avec leurs enseignants et camarades, et à déclencher des émeutes dans les écoles et leurs environnements. Ces études ont également démontré que la discrimination entre les élèves fait naître des sentiments de haine, d’envie et de jalousie, incitant ainsi certains d’entre eux à commettre des actes de violence, de destruction et de vandalisme des facilités de l’école, ou de semer la peur à l’extérieur de celle-ci.

    Ce sont là quelques-unes des causes de la violence et d’agressions à l’école, mais est-il possible de trouver une solution à ce dilemme ?

    Voici quelques suggestions qui pourraient limiter l’aggravation de ce problème :

    1- Améliorer l’état des écoles maghrébines à travers leur ouverture sur leur environnement.

    2- Identifier les objectifs du processus éducatif, et assurer l’égalité entre les élèves.

    3 – Assurer la surveillance des portails des écoles et de leurs environnements en vue d’éviter le harcèlement et les provocations qui ont lieu à l’extérieur de l’institution.

    4 – Recourir aux services d’experts psychiatriques, à l’orientation scolaire, au travail social et aux activités parascolaires.

    La violence et les attaques contre les enseignants et le personnel éducatif sont parmi les phénomènes engendrés par les changements affectant de nombreuses valeurs qui étaient liées au processus éducatif et aux acteurs chargés de l’éducation et de l’enseignement, ainsi que par la détérioration de l’appréciation et du respect vis-à-vis de ces acteurs. L’époque où le poète chantait son fameux vers " respectez les enseignants, car ils sont presque des prophètes " est certainement passée.