• C'est quoi le cancer ?

    C'est quoi un cancer ?

     

    Le corps humain est fait de 60 mille milliards de cellules qui chacune contiennent  23 paires de  chromosomes constituées au total de 2 mètres d’ADN compacté.

    L’ADN est une molécule relativement simple composé de 4 unités (A, T, G, C) dont la combinaison reflète la diversité de l’ensemble des caractères de l’organisme.

    L’ADN se divise en 25000 gènes transcrits en ARN messager (unités A, U, G, C).

    Les ARNs messager se traduisent en protéinesqui assurent l’essentiel des fonctions de la cellule.

    L’ADN et l’ARN peuvent contenir ou intégrer des «fautes» (permutations de bases, pertes, amplifications) qui  conduisent  à  des protéines modi-fiées (mutées, peu,  trop ou pas produites) dans des situations pathologiques dont le cancer.

     

     

    Les milliards de cellules constituant le corps humain sont dirigées par de nombreux facteurs. Elles forment des tissus qui à leur tour se regroupent en organes. Les cellules exécutent les ordres donnés via les gènes, puis une fois usées ou âgées, elles meurent pour être remplacées par des cellules plus jeunes. Si les 25 000 gènes se retrouvent tous dans chaque cellule, l’ARN et les protéines se répartissent de manière plus ou moins spécifique, et en quantités différentes.

    Les gènes sont fragiles. Une cellule est cancéreuse lorsque quelques-uns de ses gènes deviennent anormaux, transmettant ainsi une information incorrecte qui aboutit à une prolifération anarchique des cellules qui forment alors une tumeur. Parfois le système immunitaire élimine ces cellules anormales. Avec le temps, la tumeur va envahir les tissus voisins pour les détruire progressivement. Si la tumeur n’est pas découverte et traitée à temps, les cellules cancéreuses peuvent se disséminer par les voies lymphatiques et les vaisseaux sanguins et gagner des régions éloignées de l’organisme. Ce sont les métastases.

    Cellules du sein visualisées avec des anticorps couplés à de la fluorescence et dirigés contre certaines protéines.
    Le vert représente le « squelette » de la cellule, le bleu son noyau et le rouge son matériel génétique

     
     

    Prévenir en se faisant dépister

    La moitié des personnes atteintes par un cancer en guérit. Mais il s’agit de détecter la maladie à un stade précoce. Se faire dépister même si l’on se croit en bonne santé est une initiative qui nous concerne tous. Le dépistage organisé est un dispositif récent mis en place sous l’impulsion du Ministère de la Santé. A ce jour, il est généralisé pour le cancer du sein et pour le cancer colorectal.

    Parmi les cancers responsables de la majorité des décès, la plupart sont détectables. Il est de ce fait important de signaler à son médecin toute anomalie persistante au niveau de la peau et de différentes fonctions de l’organisme.

    Le diagnostic du cancer repose sur les examens suivants selon les troubles observés :

    • Une consultation clinique comprenant une analyse de sang et d’urine
    • Une endoscopie qui permet de découvrir une éventuelle lésion dans une cavité
    • Une radiographie dans le cas du cancer du poumon et des os
    • Une échographie afin de visualiser les organes et de procéder à des prélèvements très précis
    • Une mammographie pour explorer les seins
     
     
     
    • Une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) pour explorer le cerveau, la moelle osseuse et les parties molles
    • Un scanner pour explorer l’ensemble du corps, en particulier les poumons
    • Un PETscan pour détecter au moyen d’un analogue du glucose faiblement radioactif les cellules cancéreuses. Cette technologie nécessite de faire appel à un équipement de pointe, le cyclotron, qui produit les radioisotopes nécessaires à la réalisation de diagnostics (par image scintigraphique) ou de traitements par radiothérapie. En janvier 2007, la France comptait 27 cyclotrons à usage médical pour 156 en Europe.
    • Une biopsie, c-à-d. le prélèvement d’un fragment de tissu afin d’analyser les cellules pour affirmer leur nature cancéreuse et le degré de malignité (analyse histologique)
     

    Un cancer, ça se soigne comment ?

     

    Les maladies cancéreuses sont traitées par trois méthodes principales:

     

     

     

    La CHIRURGIE

     

    La RADIOTHERAPIE

     

    La CHIMIOTHERAPIE

     

    Ces traitements sont le plus souvent associés. Dans la plupart des cas, c’est une équipe multidisciplinaire qui élabore le traitement, sur la base du dossier médical et après discussion avec le patient.

     

    Le chirurgien discutera avec l’oncologue, spécialiste des médicaments anti-cancéreux, avec le radio-oncologue, spécialiste des rayons et avec le pathologue, médecin qui analyse un prélèvement de tumeur sous le microscope et qui définit ses caractéristiques biologiques.

     

    Ces réunions sont nommées RCP ou réunions de concertation pluridisciplinaire : il s’agit d’une mesure importante d’une bonne prise en charge d’un malade atteint d’un cancer. Tous les dossiers des patients doivent désormais faire l’objet d’une RCP avant toute mise en route du traitement ou lors d’un changement de traitement important.

    La découverte d’un médicament commence dans le laboratoire

     

    Faire progresser la connaissance de la maladie, mais surtout le nombre et la qualité des traitements, c’est la mission majeure de la recherche contre le cancer. Son enjeu : partir d’une découverte dans le laboratoire et la conduire au lit du patient.

    Ce sont ainsi plusieurs domaines qui apparaissent prioritaires:

     

    La recherche fondamentale

    La recherche pré-clinique

    La recherche translationnelle ou de transfert

    La recherche clinique

    La recherche épidémiologique

     



    Et demain ?

     

    Après des décennies d’intenses recherches, les scientifiques disposent maintenant d’une mine de savoirs sur le cancer. Jamais les chercheurs n’auront été aussi bien outillés pour comprendre la maladie et élaborer de nouvelles stratégies pour la mettre en échec. Voici quelques unes des avenues qu’emprunte aujourd’hui la recherche pour faire avancer la lutte contre cette maladie complexe :

     

    Prévenir l’apparition de la maladie en développant des vaccins dits prophylactiques

    Neutraliser les tumeurs en bloquant leur apport sanguin

    Maximiser les défenses de l’organisme pour éliminer les cellules cancéreuses

    Mettre à profit des virus pour traiter le cancer

    Détruire les tumeurs avec de la lumière

     Prévenir l’apparition de la maladie en développant des vaccins dits prophylactiques

     Deux vaccins sont d’ores et déjà sur le marché :

    • Le vaccin contre l’Hépatite B dans la prévention du cancer du foie
    • Plus récemment, contre les virus du papillome humain (HPV) responsables notamment du cancer du col d l’utérus

     

    Les virus du papillome humain (HPV)

     

     

     

    Neutraliser les tumeurs en bloquant leur apport sanguin

     Les tumeurs sont incapables de survivre sans un apport sanguin constant qui leur fournit l’oxygène et d’autres nutriments. C’est ce qu’on appelle la néo-angiogenèse. Le développement de médicaments visant à contrer ce processus pourrait ainsi permettre d’éliminer les tumeurs avant qu’elles ne se développent et ne se propagent. La recherche entreprise permet déjà de conclure que l’utilisation combinée d’inhibiteurs de néo-angiogenèse et d’agents chimiothérapeutiques est plus efficace contre certains cancers que l’administration d’un seul de ces traitements. Des essais cliniques sont actuellement en cours.

      

    Maximiser les défenses de l’organisme pour éliminer les cellules cancéreuses

     

    Les découvertes récentes expliquant comment le système immunitaire défend l’organisme contre le cancer ont entraîné un regain d’intérêt pour l’immunothérapie. Cette forme de traitement contre le cancer est basée sur la stimulation ou le renforcement du système immunitaire afin de l’amener à reconnaître les « envahisseurs » que sont les cellules cancéreuses. À ce titre, les chercheurs nourrissent beaucoup d’espoir à l’égard d’un type particulier de protéines, les anticorps monoclonaux.

    De quoi s’agit-il? 

    L’anticorps reconnaît certaines protéines ou fragments de protéines (les antigènes) qui s’associent aux cellules cancéreuses. L’ancrage spécifique de l’anticorps sur l’antigène mène au blocage ou à la destruction de la cellule porteuse de l’antigène. Cette stratégie de traitement est récente, elle fait encore l’objet de recherches.

     

     
     

     

    Mettre à profit des virus pour traiter le cancer

     

    Même si les virus sont à l’origine de bon nombre de maux chez les humains, certains d’entre eux semblent avoir une action anticancéreuse non négligeable. Ainsi, par exemple, le parvovirus H1, non pathogène chez l'adulte sain, infecte sélectivement les cellules cancéreuses. Il entraîne leur destruction et produit de nouveaux virions qui infectent à leur tour les cellules cancéreuses voisines. Associé à la thérapie génique qui consiste à trouver des gènes qui vont perturber ou détruire les tumeurs cancéreuses, ce type de virus pourrait demain constituer un nouveau moyen de lutte contre le cancer.

     

     

    Détruire les tumeurs avec de la lumière

     

    L’idée que la lumière puisse traiter le cancer peut paraître farfelue. Pourtant, les scientifiques y ont actuellement recours grâce à la création d’une technique originale et complémentaire dite « la thérapie photodynamique ».

    La clé de ce traitement réside dans un certain type de médicaments qu’il est possible d’activer en présence de lumière, les photosensibilisateurs. La technique consiste à injecter ce médicament photo-activable dans l’organisme du patient, où il sera ensuite incorporé par le tissu cancéreux. Lorsque la tumeur est exposée à la lumière, le médicament devient actif et génère la formation de substances toxiques transitoires qui détruisent la tumeur. Les études menées jusqu’à présent donnent à penser que le traitement photodynamique est un complément précieux aux thérapies anticancéreuses plus traditionnelles.

    Une stratégie récente de développement de nouveaux médicaments photo-activables étudiée au CRAN (Centre de Recherche en Automatique de Nancy) sur le site du Centre de Lutte contre le Cancer de Nancy Brabois (Centre Alexis Vautrin) en partenariat avec l’ENSIC (Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques), vise à utiliser la thérapie photodynamique pour détruire les vaisseaux sanguins nourriciers de la tumeur dans le but de l’asphyxier.

     

     
     

    Conclusion

     

    Alors que les médicaments ne visaient jusqu'à il y a peu qu'à limiter la prolifération des cellules cancéreuses, ils vont permettre demain de corriger les dysfonctionne-ments cellulaires de manière ciblée :

     
    • par exemple un défaut dans le processus naturel de mort cellulaire (l’apoptose)
     
    • ou en inhibant le cycle cellulaire
     
    • les métastases
     
    • ou la transmission de signaux intra- et inter-cellulaires menant à une prolifération désorganisée
     

    Mais il ne suffit pas de bloquer quelques voies clés pour arrêter la progression du cancer. Le problème est que la cellule cancéreuse est en mesure, lorsqu’une voie est bloquée, de passer par une voie de signalisation annexe. Pour maîtriser un cancer, il est nécessaire de ce fait d’identifier et cibler les voies incontournables.

     

    Comprendre ces mécanismes, c’est le défi majeur qu’essaie de relever le scientifique dans son laboratoire (qu’il soit biologiste, physicien, chimiste, bio-informaticien ou bio-statisticien) et au travers de collaborations avec des cliniciens et industriels.

     

    La génomique, la protéomique, la métabolomique …. Trois domaines récents clés de la recherche contre le cancer afin de :

     
    • identifier les gènes et les protéines du cancer, leur fonctions et connections
     
    • distinguer les signatures moléculaires dans des échantillons de tissu sachant qu’un même cancer diffère d’une personne à l’autre
     
    • délivrer des traitements sur mesure, sûrs, efficaces et accessibles à tous
     
    • améliorer la qualité des soins de chaque malade