• Hormone de croissance : attention danger !

    Hormone de croissance : attention danger !

    OBJET d'un engouement important aux États-Unis, mais aussi en Europe, la prise d'hormone de croissance par certains consommateurs obsédés par la quête de l'éternelle jeunesse n'est pas sans risque, selon une étude publiée le 16 janvier dans les Annales de médecine interne. Bien au contraire. Cette hormone dont la distribution sans ordonnance médicale est illégale, « peut avoir des effets secondaires néfastes comme le gonflement des articulations, accompagné de douleurs et de tendinites du poignet, ainsi qu'une tendance à une augmentation de cas de diabète et de prédiabète », souligne le Dr Hau Liu, de l'école de médecine de l'université de Stanford en Californie. Ce chercheur et son équipe ont analysé 31 études médicales conduites à ce jour dans le monde pour mesurer les effets d'une telle supplémentation « antivieillissement ».
    Sécrétée naturellement
    Au final, l'hormone de croissance a un effet modeste sur l'accroissement de la masse musculaire et la disparition de la graisse (deux kilos en moins). « Mais sa prise n'a changé en rien les données cliniques importantes telles que la densité osseuse, le niveau du cholestérol et des lipides sanguins ou encore les capacités respiratoires », insiste-t-il, après avoir analysé les résultats observés sur un peu plus de 500 participants âgés, en bonne santé mais en léger surpoids, qui avaient pris ce traitement sur une moyenne de six mois. « Il n'y a absolument aucune donnée susceptible de laisser penser que le fait de donner des hormones de croissance à une personne en bonne santé peut la faire vivre plus longtemps »,conclut-il.
    En 2004, de 20 000 à 30 000 personnes aux États-Unis ont pris cette hormone, dont les mérites sont vantés sur le Net, dans le but d'éviter une diminution de la masse musculaire, accroître l'endurance et lutter contre la pesante graisse. Cet engouement s'est produit malgré le coût du traitement (plus de 1 000 dollars par mois) et l'illégalité de sa distribution. Il a démarré à la suite d'un papier publié dans leNew England Journal of Medicine, en 1990, qui présentait les résultats d'une étude réalisée sur douze hommes de plus de 60 ans traités trois fois par semaine (par injection) sur six mois avec, à l'issue du traitement, une augmentation significative de la masse maigre et de la densité osseuse à l'inverse d'un groupe témoin de neuf individus ayant reçu un placebo. Mais les auteurs de l'étude étaient à l'époque restés très mesurés, se gardant de conclure avoir découvert un traitement antivieillissement. L'attente du public et la pression commerciale ont balayé ces objections, préférant ne s'en tenir qu'aux tout premiers résultats. En 2003, un éditorial du New England Journal of Medicine réitérait ces mises en garde. Cette nouvelle étude qui pointe les nombreux effets secondaires graves d'une telle supplémentation permettra-t-elle de calmer le jeu ?
    Rappelons que l'hormone de croissance est sécrétée naturellement par l'hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Essentiellement produite durant l'enfance et l'adolescence, pour stimuler la croissance, les taux de cette hormone plafonnent ensuite vers 30 ans, avant de très fortement diminuer après l'âge de 60 ans. À l'heure actuelle, elle est uniquement prescrite chez l'enfant et l'adolescent pour lutter contre certains retards de croissance et certains déficits bien identifiés. Et ce sous surveillance médicale étroite.