• La grande crise de l'école marocaine

    La crise de l’école publique marocaine: Réussir ou Périr ?

       
    On est tous contre l’école caserne, l’école où l’élève se rend avec tant d’angoisse et tant d’ennui. Philippe Perrenoud avance : » Les pédagogies nouvelles tirent leur force et leur pertinence d’une révolte contre l’école-caserne, l’école où l’on se rend avec angoisse, où l’on travaille dans l’ennui et la souffrance, l’école où l’on est assujetti et où l’on apprend la soumission plutôt que l’autonomie, l’école sélective, qui fabrique des échecs et des hiérarchies, l’école qui dénie le droit à l’erreur, à la différence, à la parole ».

     

    A une époque où l’école, institution publique, doit susciter le goût et le plaisir d’apprendre chez nos enfants et être un lieu d’épanouissement et d’éveil, elle produit aujourd’hui une jeunesse indolente qui, par manque de formation, n’est plus en mesure d’assumer ses responsabilités dans l’avenir. L’école ne joue alors plus son rôle capital dans la formation des nouvelles générations qui affrontent un monde en changement et en développement continus nécessitant un niveau de culture et de formation assez élevé.
    Il est temps de tirer le signal d’alarme pour sauvegarder notre école publique, victime d’un système éducatif faible et stérile, système qui prône des méthodes traditionnelles quoique les textes officiels préconisent l’adoption de méthodes actives et nouvelles.
     
    Contrairement à ce qu’annoncent les discours officiels, et faute de moyens didactiques et pédagogiques, la majorité de nos enseignants recourent à des méthodes purement traditionnelles, incapables de répondre aux besoins et attentes de nos élèves qui vivent dans un monde soumis à des changements perpétuels sur le plan cognitif et socioculturel.

     

    Une faible formation
    Nos pauvres élèves, victimes d’une mauvaise planification et d’une vision archaïque du rôle de l’enseignement, souffrent dans le processus d’enseignement – apprentissage. D’ailleurs, ils n’ont pas le choix.

    Aujourd’hui tout le monde est conscient de la dégradation et du recul de notre système éducatif. Tout le monde reconnaît la régression du niveau de formation des enseignants et la baisse du niveau des élèves.
    La carte scolaire adoptée au Maroc reste l’une des principales causes du faible niveau des élèves: On fait passer des élèves du primaire au collège avec 3/10 de moyenne, et 6,5 / 20 de la première à la deuxième année du collège.
    Pire encore, l’abandon scolaire menace sans répit l’avenir de nos enfants frustrés et fâcheusement exploités. Cet abandon scolaire est devenu chose banale et vécue tous les jours (400 000 enfants ont abandonné les sièges scolaires durant l’année 2006/2007). Quel gâchis ! Quel souci! Et quel avenir pour ces jeunes ?

    Ces enfants abandonnés, faut-il le rappeler, seront sans doute exploités dans des travaux qui porteront préjudice à leur santé et à leur dignité (on n’exclut pas bien sûr la pédophilie qui porte terriblement atteinte à nos enfants.)
    Il en découle alors qu’un demi million d’enfants vont, dans les années à venir, sombrer dans la mer de l’analphabétisme et l’ignorance, maux qui alimentent l’indolence, la passivité et la peur.
    Pire encore que l’abandon, on constate l’indifférence de nos élèves, observée dans les classes, et la violence dans nombre d’établissements scolaires.
    Déjà, des cas de violences commises par des élèves envers leurs enseignants ont été remarqués dans nos collèges et lycées. Que sont devenus les rapports entre les apprenants et les enseignants ? De quel contrat didactique peut-on parler dans un établissement scolaire où règne la violence, la rancune, la méfiance et la peur, conditions défavorables pour un apprentissage efficace et rentable.
    Il faudrait alors doter les apprenants d’une éducation civique rationnelle qui prendrait en considération le vécu et la réalité de l’élève marocain. On peut procéder à diverses initiatives, entre autres l’élaboration de projets pédagogiques traitant du comportement civique sous tous ses angles.
    Il serait préférable de mettre l’accent sur les projets suivants :
    - le projet de l’élève.
    - le projet de la classe.
    - le projet de l’établissement
    L’école serait donc capable de mobiliser toute la société civile. Ainsi pourrait s’instaurer l’interaction entre l’école et son entourage.

    Une créativité perdue

    Autre faiblesse du système éducatif marocain : on a tué le sens de la créativité par une réalité lamentable qui se manifeste par ce qui suit:
    1-De gros effectifs allant de 46 à 54 élèves dans les salles de classes.
    2-Un manque excessif d’enseignants dans tous les cycles de l’enseignement: primaire, collégial et qualifiant.
    3-Nombre d’enseignants, dans certains collèges et lycées du sud, enseignent des matières autres que leur spécialité (des professeurs d’arabe enseignent l’histoire géographie, des professeurs de SVT enseignent les mathématiques…, chose qui demeure inexpliquée et inadmissible).

    Le constat est clair : c’est l’anarchie qui règne dans notre système éducatif, que ce soit au niveau de la didactique ou au niveau de la gestion.

     

    Comment réformer ce système éducatif vain et nul ? Relevons le défi !
    Il faut bien réfléchir avant d’agir car la situation est désastreuse.
    Les enseignants savent mieux que quiconque que les dernières réformes n’ont pas apporté grand-chose à notre système éducatif.

    Nous sommes tous concernés et c’est à chacun de faire le maximum pour trouver les remèdes requis qui sauveront notre avenir du naufrage qui le menace.
    J’estime qu’il faut lancer un dialogue national afin que toutes les composantes de la société puissent participer au débat qui se fixera comme objectif la détection des lacunes de notre système éducatif et la proposition de remèdes requis.

    Abdelali Bouha