• La ligature Œ

    1. Prononciation

    La ligature œ se prononce 


    – Comme un « é » dans : Œdipe, œdipien, œdème, œnologie, œnologue, cœlacanthe, cœlentéré, cœnure (ou cénure), cœnogénèse(ou cénogénèse), cœcal, cœcum, cœcotomie, cœlope, cœnogone, cœlogène, cœsium, cœlostat (ou cælostat), fœtus. Ces noms sont d'origine grecque, ils étaient formés avec une double voyelle [oi] et ils sont passés par une transcription latine. Certains d'entre eux possèdent une double graphie avec réduction du digramme. Les noms qui commencent par la séquence cœ- se prononcent [sé] comme si le « c » n'avait pas besoin de cédille du fait de la présence du digramme notant une seule voyelle.

    – Comme un « eu » dans : bœuf, chœur, cœur, œuf, mœurs, nœud, œil, sœur, vœu. Les mots de la famille de 
    cœur : écœurer, écœurement, cœursage, cœurse, rancœur. Ces mots sont d'origine latine, la lettre « o » est étymologique, elle a été ajouté à la Renaissance pour indiquer la filiation de ces mots avec les dérivés d'origine savante :bovin, choral, cordial, ovaire, moral, nodosité, oculaire, sororal, voter. Un autre argument a joué en faveur de cette écriture, celui de la longueur des mots. En effet, les monosyllabes nécessitaient selon les théories de Sylvius l'emploi de quatre ou cinq lettres afin d'obtenir un mot suffisamment lisible par l'œil. Ainsi le mot « uef » devint-il « œuf » (avec changement de la convention pour noter la voyelle « eu »). Toutefois, cela n'affecta pas tous les mots où une telle réfection étymologique aurait été possible : dueil > deuil (latin dolore), fueil > feuille (folium).

    2. Absence de ligature

    – Mots comprenant une semi-consonne et une voyelle « wa » dans moelle, moellon, moelleux, moelleusement, moellonnage. Le « o » provient de la métathèse de meole (latin medula). Il a donc toujours été prononcé et écrit. 
    Poële et ses dérivés poêlon, poêlée, poêler, poêlier, rentrent dans cette catégorie et dans la suivante.
    – Mots ou noms qui comprennent un accent ou un tréma dans le digramme « oe » : goéland, noël (natalis dies), Noël, Noëlle, Noé, Joël, Joëlle, Lugné-Poë, Siloé, Méroé, Monroë.
    – Noms d'origine anglaise : Defoe, Poe, John Doe. Le digramme est prononcé [o]. 
    – Noms ou mots d'origine néerlandaise où le digramme est prononcé « ou » dans Boer, moere et groenendael.
    -- Mots formés avec le préfixe co- devant la voyelle « e » : coefficient, coercition, incoercible, coextensif. 
    – Noms d'origine germanique où le digrarnme est prononcé « eu » : foehn, loess, roesti et roentgen. De même, il n'y a pas de ligature dans Goethe, Schroeder, Oehmichen, Schoenberg. La présence du « e » s'explique par le fait qu'il peut être un substitut à l'umlaut allemand (lui-même issu du e suscrit) : Zürich-Zuerich, Lüger-Lueger.  
    – Le dérivé minoen, minoenne formé sur Minos : le « e » appartient au suffixe.
    – Les mots dérivés formés à l'aide du préfixe co- (cum, avec) notamment : coefficient, coentreprise, coenzyme, coéquipier, coercitif (ive), coercition,coexistence, coexister, coextensif (ive), incoercibilité, incoercible.
    – Les mots formés à l'aide d'autres éléments grecs terminés par  la lettre  « o » : acétylcoenzyme, apoenzyme, autoexcitateur (trice), gastroentérite, gastroentérologie, gastroentérologue, leucoencéphalite, neuroendocrine, neuroendocrinien (ienne), neuroendocrinologie, polioencéphalite, réticuloendothélial (iale, iaux).