• La nouvelle fantastique(2)

    La nouvelle fantastique La nouvelle fantastique(2)
    • Une nouvelle est de genre Fantastique quand elle relate des événements totalement étranges, le plus souvent irrationnels ou incompréhensibles, hors d'atteinte de la puissance humaine ou de l'explication rationnelle (apparition de doubles, de fantômes, de spectres ou de revenants ; labyrinthes étranges ; rêves ou prémonitions ; réincarnation ; événements maléfiques inexpliqués ou apparition de démons ; apparition d'anges ou d'anges gardien ; objets usuellement inertes mais devenus vivants, etc).
    • Une nouvelle est qualifiée de Science-fiction lorsque le récit fait état d'événements ancrés dans la réalité et issus d'une rationalité scientifique identifiable et réalisable à très long terme (robots-cyborgs-androïdes, rencontre d'extraterrestres, clonage, voyages stellaires, voyages dans le temps, etc).
    • Une nouvelle relève de la Fantasy lorsque le récit concerne des événements qui ne sont pas issus d'une rationalité sociale et factuelle actuellement identifiable et qui ne mettent pas en exergue des aspects scientifiques explicites ou implicites ; la Fantasy décrit un monde de fiction peuplé de personnages étranges dotés de certains pouvoirs (sortilèges, sorciers-sorcières, magiciens-magiciennes, gobelins, elfes, dragons, licornes, loups-garou, etc).
    • Les histoires de Zombies et de Vampires peuvent relever de l'une des trois catégories précitées en fonction de la cause, explicable scientifiquement ou inexpliquée, de l'apparition des créatures dans le récit, ainsi qu'en fonction du contexte narratif. Ainsi un zombie ou un vampire devenu tel suite à un clonage d'ADN fera partie d'une œuvre de science-fiction ; s'il apparaît dans les rêves du héros, le récit sera fantastique ; s'il agit dans un monde magique, le récit sera de fantasy.

      En savoir plus :   

      Le fantastique est un genre littéraire caractérisé par l’irruption du surnaturel dans le cadre d’un récit réaliste. Des faits étonnants que la rationalité ne parvient pas à expliquer immédiatement s’immiscent dans un contexte connu, lisible, considéré comme normal voire banal par le lecteur. 
      Tzvetan Todorov distingue le merveilleux du fantastique. Dans le genre merveilleux, les évènements surnaturels sont acceptés comme tels, « naturellement » : le cadre est d’emblée imaginaire et réaliste, tout peut survenir sans avoir à se justifier par une causalité rationnelle. Pour être clair, dès l’instant où il ouvre le livre, le lecteur sait qu’il aura affaire à une histoire imaginaire dans laquelle les lois de la nature n’ont plus cours. Ce qu’on nomme aujourd’hui « fantasy » emprunte au genre merveilleux. 
      Dans le genre fantastique, le doute est permis… C’est le domaine du soupçon. Un événement étrange survient, que l’on ne s’explique pas tout à fait. Cela ne veut pas dire qu’on ne pourra jamais y trouver de causalité rationnelle. 
      Si le fantastique fait la part belle au doute, il dégage assez facilement une atmosphère angoissante. Des événements désarçonnent, surviennent ceux dont on croyait impossible qu’ils se produisent, le cadre réaliste, rassurant, se fissure. 
      Le fantastique s’est illustré souvent au sein de nouvelles, parce qu’il met l’accent sur l’étonnement, la surprise, que travaille cette littérature de la brièveté. Le texte est bref : il dit donc marquer le lecteur, pour être efficace. Le fantastique y concourrait. Par ailleurs, entretenir le soupçon, mettre en doute le socle de représentation qu’est toute fiction est chose malaisée à soutenir sur la longueur : l’intérêt du lecteur s’émousse, et sa méfiance risque de se reporter sur la confiance qu’il place dans l’auteur et l’ensemble du texte. Aussi peut-on soutenir que le fantastique s’accorde particulièrement à la nouvelle en ce qu’il augmente la surprise, et la nouvelle s’accorde particulièrement au fantastique en ce qu’elle lui propose un espace de développement idéal, ni trop long, ni trop court. 
      En France, après l’impulsion donnée début 19e par les Contes d'Hoffmann, Nodier, puis les réalistes, Balzac et Gautier s'essayent au genre, Mérimée (La Vénus d’Ille) et Maupassant (Le Horla) lui donnent ses lettres de noblesse. La célèbre Métamorphose de Kafka peut également être considérée comme une nouvelle fantastique, ainsi que nombre des textes, plus tard, de Jorge Luis Borges.


      Outils techniques pour déceler le fantastique dans un texte : 
      • Focalisation interne (narration à la 1ère personne)
      • Emploi des modes conditionnel et subjonctif
      • Insertion de questions rhétoriques
      • Phénomènes étranges, inexplicables, invraisemblance, incohérence
      • Atmosphère qui évolue du réalisme à l’onirisme, ambiance trouble
      • Dramatisation de la construction
      • Thèmes de la folie, de l’ivresse, tous les états qui peuvent altérer la juste perception des choses
      • Evocation de circonstances magiques, de légendes populaires, de rumeurs.