• Le Maroc va réformer le système des retraites.

    Les enseignants vont-ils tenir le coup

    jusqu'à 65 ans ?

    Les établissements scolaires vont devenir des morgues voire des cimetières ! 



    La réforme du système de retraites au Maroc sera introduite au cours de cette année 2015, "quel que soit le prix à payer".

    C’est le message fort qui a été transmis par le Premier ministre Abdelilah Benkirane aux parlementaires de la Chambre des conseillers de Rabat. Ces derniers l’ont interpellé le 9 janvier sur le dossier des caisses qui connaissent des problèmes d’ordre financier.

    Benkirane a expliqué que le signal d’alarme avait été tiré en 2000 et que malgré cela, la réforme avait tardé à voir le jour.

    Son gouvernement, a-t-il relevé, ne va pas ajourner ce chantier. "Avec tous les acteurs concernés, nous allons concrétiser la réforme, bien que les mesures qui seront prises soient impopulaires", a-t-il souligné.

    Les parlementaires ont demandé au gouvernement de faire preuve de courage pour sauver la viabilité des caisses de retraite qui sont menacées, comme c'est notamment le cas de la Caisse marocaine de retraite (CMR), dédiée aux fonctionnaires de l’Etat.

    Benkirane a partagé le même constat alarmant que les parlementaires, évoquant même une "catastrophe".

    Si rien n’est fait, selon lui, le déficit de la CMR atteindra 1,8 milliard de dirhams en 2014, ce montant pouvant même dépasser les 125 milliards de dirhams dans dix ans.

    Des scénarios de réforme ont été élaborés par la commission technique chargée du dossier. Il reste, d’après le chef de gouvernement, à se concerter avec les différents acteurs - partis politiques, syndicats et société civile - afin de trancher.

    Plusieurs pistes ont été avancées par Benkirane. Le relèvement de l’âge de départ à la retraite, à l’instar de ce qui se fait dans certains pays, l’augmentation de la cotisation patronale et de celle des salariés, l’élargissement de l’assiette des bénéficiaires aux professions libérales, comme les médecins et les avocats. Un système complémentaire pourra être instauré au choix.

    A cela s’ajoutera une amélioration des investissements de la caisse pour augmenter ses ressources financières.

    Selon Benkirane, le Maroc s’acheminerait vers deux systèmes : une caisse pour le public et une autre pour le privé. Le scénario d’un système unifié, a-t-il dit, est compliqué et difficile à concrétiser sur le terrain.

    Selon le parlementaire Hakim Benchemmass, du Parti Authenticité et Modernité (PAM), ce dossier ne doit pas être géré d’une manière technique mais plutôt politique, à travers une vision globale et audacieuse.

    "Tout le monde s’accorde sur le constat. Mais il est temps d’agir pour garantir la dignité des retraités", a-t-il indiqué tout en soulignant la nécessité d’élargir la base des bénéficiaires.

    Même son de cloche chez le parlementaire Abdesselam Lebbar, qui a souligné l’urgence d’améliorer le quotidien de bon nombre de retraités qui sont contraints de trouver un autre travail afin de subvenir à leurs besoins. Il a aussi appelé à lier la responsabilité à la reddition des comptes car la situation actuelle de la Caisse marocaine de retraite "est due à la mauvaise gestion et au manque de bonne gouvernance".

    Un avis partagé par Benkirane, qui s’est engagé à discuter de tous les points avant la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de sauvetage du système de retraite.

    Les salariés affichent leurs inquiétudes, appréhendant les éventuelles solutions qui seront retenues.

    "Je crains de ne pas pouvoir bénéficier de ma retraite en raison de l’ajournement répétitif de la réforme", explique Halima Chaouni, enseignante.

    "L’espérance de vie au Maroc n’est pas comme celle des pays développés. Si on relève l’âge de retraite à 65 ans, ce sera la catastrophe. Espérons qu’on retiendra l’option de 62 ans", ajoute-t-elle.


    Salwa Mbarki, secrétaire de 42 ans, affirme pour sa part que l’augmentation de la cotisation pourrait avoir un effet négatif sur le pouvoir d’achat des salariés. "Les salaires sont déjà trop bas par rapport au coût de la vie", déplore-t-elle.