• Le parnasse.

    Mouvement littéraire, essentiellement poétique (parfois considéré comme une école, c’est-à-dire un ensemble plus structuré qu’un simple mouvement) de la seconde moitié du XIXème siècle.

    I - Naissance

    Son acte de naissance peut être fixé à 1866, date de parution du Premier recueil du Parnasse Contemporain. Sa fin en tant que mouvement littéraire coïncide avec la parution du troisième et dernier recueil en 1866 (il y en aura eu auparavant un second en 1871).

    A - Le nom

    Sur le Mont Parnasse, situé en Grèce à proximité de Delphes, s’assemblaient, selon la mythologie, les neuf Muses, sous la conduite d’Apollon. Par extension, le mot « Parnasse » sert à désigner le lieu de réunion des poètes. En le choisissant, les initiateurs de ce mouvement poétique veulent se placer sous le double patronage de la Muse poétique et de la tradition grecque (apollinienne).

    B - L’origine Comme tous les mouvements littéraires du XIXème siècle, le Parnasse a voulu se situer par rapport à son grand prédécesseur, le Romantisme, qu’il poursuit et conteste à la fois.

    Un des principaux inspirateurs du Parnasse est Théophile Gautier (1811-1872), dont le nom est associé à une doctrine appelée l’Art pour l’Art, et qui souhaitait fonder une poésie qui n’ait pour finalité qu’elle-même, sans épanchement lyrique, et se caractériserait par le simple culte de la beauté et de la forme.

    « Il n’y a de véritablement beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infime nature. »

    Préface de Mademoiselle de Maupin (1834)

    II - Histoire

    Le Parnasse contemporain a été fondé par quelques poètes voulant prolonger et élargir les principes de l’Art pour l’Art. Il s’agit d’une anthologie poétique, publiée par l’éditeur Alphonse Lemerre. Il y en aura trois éditions (1866 ; 1871 ; 1876), qui permettront la publication d’une centaine de poètes, dont certains deviendront célèbres (Gautier, Banville, Baudelaire, Leconte de Lisle…). Le comité de lecture est composé de trois personnes, parmi lesquelles figure Banville.

    Bientôt contesté par des poètes dissidents ou des individus plus indépendants et novateurs (Verlaine, Mallarmé…), le Parnasse finira par disparaître en tant que mouvement en 1876, même si les poètes parnassiens continuent de publier par la suite.

    III - Poétique

    A - Le culte du travail

    La poésie pour les Parnassiens est un art ; elle réclame l’apprentissage d’une technique et l’exigence de l’effort. Le poète, souvent comparé à un sculpteur, doit transformer une matière difficile, le langage, en beauté, grâce à un patient labeur. Ce qui prime, ce n’est donc pas l’inspiration, mais le travail sur la forme. De fait, les poètes parnassiens ne transigent pas avec la rime, avec le respect des formes fixes et des règles de la poésie classique. Ils insistent sur le respect des contraintes.

    B- La religion du Beau

    Grâce à la perfection formelle permise par le travail, peut être approché l’idéal parnassien : l’irréprochable beauté. Les poètes parnassiens cherchent l’équilibre des formes. La poésie n’est pas un divertissement, elle vise à atteindre les sommets de l’art. Elle est ainsi destinée à une élite cultivée, seule susceptible de la recevoir et de la comprendre.

    « L’art, dont la Poésie est l’expression éclatante, intense et complète, est un luxe intellectuel, accessible à de très rares esprits. »

    Leconte de Lisle, en 1864

    La fréquentation de la beauté crée une aristocratie du goût qui, détournée des réalités triviales du monde, suppose un mépris du bourgeois et de la société. Indifférent à l’argent, à la politique et aux progrès scientifiques, le poète parnassien voue un culte à l’art pur, fondé sur l’érudition et la maîtrise technique.

    C - Le refus du lyrisme

    La poésie parnassienne se veut « impassible » ; ce n’est pas le lieu de l’épanchement des sentiments et des états d’âme du poète (contrairement à la poésie romantique) ; elle rejette les excès de la sensibilité. De là une poésie neutre, distanciée, nourrie d’exotisme ou du froid héritage de la mythologie (voir par exemple le « Prologue » des Poèmes saturniens).

    Source :http://serieslitteraires.org/site/Histoire-littA-c-raire-le-Parnasse