• Les valeurs d'emploi des temps simples de l'indicatif

    Les valeurs d'emploi des temps simples de l'indicatif

     

    La Leçon

    L' indicatif (du latin indicativus, « qui indique, désigne ») est considéré comme le mode de l'expression de la réalité. Il s'emploie dans les phrases énonciatives, interrogatives et exclamatives. C'est un mode personnel et temporel et le mode le plus riche en tiroirs verbaux. Il en comporte dix : cinq formes simples (le présent, l’imparfait, le passé simple, le futur simple et le conditionnel présent*) et les cinq formes composées qui leur correspondent (le passé composé, le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur et le conditionnel passé*).

    L’indicatif est le seul mode apte à amener immédiatement le procès dans la chronologie et le seul mode à discriminer les trois époques : passé-présent-futur. Ses tiroirs verbaux portent deux types d'information : des informations concernant la valeur temporelle du verbe et des informations concernant l'aspect. Ils peuvent aussi avoir des valeurs modales et des emplois stylistiques.

    On vise à mener une étude sur les différentes valeurs d'emploi des temps simples de l'indicatif en suivant le schéma ci-dessous :

     

    I. VALEURS DE BASE

    1. Valeurs temporelles : La valeur temporelle donne des informations concernant l'inscription de l'action dans une époque de la chronologie. Elle indique la position de l'événement décrit par le verbe par rapport au moment de l'énonciation. On oppose le discours au récit.

    2. Valeurs aspectuelles : Elles indiquent à quel point de son déroulement en est le procès à une date donnée, en d'autres termes, comment le procès est perçu dans son déroulement interne.

    On distingue : a) L'aspect sécant, non limitatif : on n'envisage pas les limites d'un événement, il traduit l’action en cours : Elle marchait seule dans la rue chantant.

    b) L'aspect global, non sécant, limitatif : l’aspect exprime le procès dans sa totalité, il est envisagé avec ses deux limites : Il neigea tout le weekend.

    c) L'aspect inaccompli : le procès n’est pas achevé, il est en cours de déroulement. Les formes simples indiquent généralement un aspect inaccompli (Je travaille, Je travaillais).

    d) L'aspect accompli : le procès est montré comme achevé et il est envisagé à partir de sa fin. Les formes composées indiquent généralement un aspect accompli (J'ai travaillé, J'avais travaillé).

    II. VALEURS PARTICULIÈRES

    1. Valeurs modales : Les temps verbaux de l'indicatif peuvent être employés avec des valeurs modales (probabilité, hypothèse, atténuation). Dans ce cas, ils ne situent pas le procès sur un axe chronologique : Si le professeur était* absent, nous n'aurions pas de devoirs ce weekend. *L'imparfait ici n'est pas utilisé pour situer le procès "était" dans une chronologie; le temps n'a pas sa valeur de base, il s'agit d'une action hypothétique.

    2. Valeurs stylistiques : Le verbe n'est pas conjugué à la forme normalement attendue, il s'agit d' un emploi volontaire d'un temps avec une valeur inhabituelle : Marcel Proust reçoit en 1919 le prix Goncourt pour "À l’ombre des jeunes filles en fleurs". Le temps attendu ici est le passé simple ou le passé composé; le recours au présent témoigne d'un souci d'expressivité. C'est un emploi stylistique du présent.

    Et maintenant, en embrassant les trois époques, présent-passé-futur, on s'attachera à illustrer les différentes valeurs d'emploi de chacun des temps de l'indicatif. 

     -Le présent

    Le présent peut servir à exprimer des notions très différentes :

     

    I. Le Présent

    Le présent de l’indicatif est au centre du système verbal : les autres temps se forment à partir de sa morphologie. C'est la forme la plus usitée en français.

    I. VALEURS DE BASE

    1. Valeurs temporelles

    A) Contemporanéité entre le point de l'énonciation et le point de l'événement.

    A1) Contemporanéité entre le point de l'énonciation et le point de l'événement, au sens strict, contemporanéité absolue (*emploi rare) :

    Le présent momentané ou instantané : Le présent évoque un événement qui a vraiment lieu en même temps que l'acte d'énonciation lui-même. Cela concerne les verbes performatifs (dire, promettre, jurer, baptiser, remercier...) et les verbes perfectifs (naître, mourir, fermer, sortir, préparer, trouver...).

    Je déclare la séance ouverte.

    A2) Contemporanéité entre le point de l'énonciation et le point de l'événement, au sens large :

    Le présent actuel ou étendu : le présent envoie au moment de l'énonciation mais il le dépasse : Il pleut depuis quatre jours.

    B) La valeur omnitemporelle : le présent s'applique à une période qui embrasse les trois époques : présent-passé-futur :

    B1) Le présent d'habitude : lorsque l’action se répète, valeur itérative : Il se lève tous les jours à sept heures.

    B2) Le présent gnomique ou de vérité générale : on le rencontre dans la formulation de vérités générales, dans des proverbes, des dictons, des maximes : Petit à petit l’oiseau fait son nid.

    C) Le présent peut être employé pour évoquer un événement passé ou futur :

    C1) Le présent égressif : décalage vers le passé, valeur de passé récent : Elle vient de sortir.

    C2) Le présent d' imminence : décalage vers l'avenir, valeur de futur proche : J'arrive dans cinq minutes.

    2. Valeurs aspectuelles :

    Le présent est d'aspect inaccompli et sécant : on n'envisage pas les limites d'un événement, le procès est envisagé en cours d'accomplissement.

    II. VALEURS PARTICULIÈRES

    1. Valeurs modales

    a) La modalité jussive : le présent sert à donner un ordre, un conseil ou à exprimer une volonté : Vous prenez vos affaires et vous quittez la salle !

    b) Le système hypothétique : le présent marque l'éventualité : S'il fait beau, nous visiterons le musée.

    2. Valeurs stylistiques :

    a) Le présent de narration ou présent historique : le présent intervient dans un récit au passé, il s'emploie pour évoquer un événement passé : En 1789, le peuple de Paris prend la prison de la Bastille.