• Vulgarisation de la crise économique

    Puisque tout le monde en parle, permettez-moi d’y revenir également. Ce qui était un épiphénomène bancaire est en effet devenu un vrai drame humain, social et économique pour beaucoup et affecte l’ensemble de nos économies Ce texte est une vulgarisation afin de vous permettre de mieux saisir la situation.

     

    Avant toute chose comprenons le sens du mot sub prime. Le terme vient de l’expression  prime lending rate, qui désigne le taux d'intérêt accordé aux emprunteurs les plus fiables. Sub signifie en dessous. De fait  subprime lending ou subprime lending rate (connu aussi sous son petit nom subprime)  désigne le crédit accordé aux emprunteurs à risque (crédit à des ménages qui présentent des risques de solvabilité, c’est-à-dire qu’ils ne possèdent pas de revenus élevés ou bien réguliers). L’idée est que la banque accorde à ses personnes ces crédits mais avec un taux plus élevés donc elle se rembourse sur la différence de taux.  Il faut savoir que les taux aux EU sont variables et donc les banques proposent des taux très bas au départ, des taux attractifs (des teaser rate, soit des taux promotionnels initiaux très bas, sur une durée de 2 ou 3 ans), qui peuvent évoluer par la suite et sont refixés pour une durée de 27 ou 28 ans)

     

    Bien entendu sur le plan individuel les banques prennent des risques car la personne (peu fiable au départ) peut se trouver dans l’incapacité de rembourser.  Mais les banques vont pourtant se ruer sur le marché. La raison ? Elles misent sur la hausse constante du prix de l'immobilier américain. En effet, ces contrats sont associés à des garanties hypothécaires, c'est à dire que si l'emprunteur est en défaut de paiement, les créanciers peuvent toujours revendre la maison et ainsi empocher une plus-value.

     

    Sans compter la "prime de risque souvent très élevé qui est censée compenser la prise de risque des banques. L'affaire ne s'arrête pas là. En effet, devant le succès de ce crédit, les banques vont chercher un moyen pour accorder plus de prêts. Comment? Une fois le crédit monté, les banques vont les revendre en lot à des investisseurs (des banques américaines et étrangères mais aussi des investisseurs) : c'est le phénomène de titrisation de créances (sécurisation en anglais). Cela leur permet de se refinancer (grâce aux liquidités) et de réduire son risque qui est reporté sur l’investisseur. Les emprunteurs ne sont évidemment pas au courant de ces opérations.

     

    Une magnifique idée, non ? Deux évènements ont déclenché une crise qui perdure dans le temps.

    D’une part le Réserve fédérale américaine pour juguler l’inflation aux EU relève son taux principal en 2004  de 1% à 5% en 2007. Le problème c’est que les taux de sub prime sont indexés sur le taux de la Fed. En conséquence, le montant des mensualités a augmenté de manière vertigineuse. Imaginez, des foyers passant de 300 à 800 dollars de mensualité. .Conséquence logique : impossibilité de paiement. Donc les banques saisissent les maisons. Mais les subprimes s’étant développés, les maisons saisies se sont retrouvés très nombreuses.

     

    Cela a entraîné le second phénomène. Une crise du marché immobilier. Il y a plus d’offre que de demandes donc les prix baissent.  Et de nombreuses banques se sont retrouvées en danger. En effet, comme elles ont titrisés ces créances, les marchés boursiers ont été touchés. Des banques internationales (investisseurs) perdent en quelques jours des milliards de $ comme la Merrill Linch (plus de 9 milliards de $) ou la Citigroup (près de 6 milliards). Les banques européennes notamment en Allemagne et en Grande Bretagne ne sont pas épargnées. L'exemple le plus spectaculaire est celui de la Northern Rock qui, ayant lourdement investit dans les subprimes, connait une "ruée bancaire", c'est à dire qu'en quelques jours les clients de cette banque, par crainte de tout  perdre, se sont rués aux guichets pour retirer le plus vite possible leurs économies. On connait la suite...

     

    Les banques centrales décident alors d'intervenir. Elles vont injecter sur le marché des liquidités pour éviter un effet systémique (effet de domino) dans le système interbancaires. En effet, les banques font parties d'un système. Elles sont interdépendantes pour les opérations dites interbancaires (prêts et emprunts entre elles). Si certaines sont touchées par la crise, d'autres peuvent elles aussi être touchées et ainsi de suite. Malgré la baisse des taux directeurs de la FED (5.25 à 4.75%) et d'autres banques centrales,  la crise n'est toujours pas résolue. Elle semble même perdurer. Pourquoi ? C'est à cause de la crise confiance sur le marché interbancaire. En effet, les banques deviennent méfiantes et hésitent à échanger entre elles de peur d'être touchées. Or cette opération (le fait qu’elles échangent entre elles des liquidités) représente plus de 30 % de leurs résultats. Elles ne peuvent donc pas s'en passer.

     

    Nous sommes en 2008 et la crise continue. Elle s'approfondit même. Les difficultés que rencontrent les banques, auront-elles un impact sur notre vie de tous les jours? On peut d'ailleurs se demander si l'augmentation des prix des matières premières n'est pas l'une des conséquences de cette crise (création d'une nouvelle bulle) ? Une chose est sûre, cette crise risque d'avoir des conséquences sur le morale des ménages qui consommeront moins et  sur celui des entreprises qui investiront moins et donc avoir un impact négatif  sur la croissance économique mondiale.
                                                                                                                              Nicolas ANNEREAU