• Faire des reproches

    F a i r e  d e s  r e p r o c h e s


    OBSERVATION:

    (Deux personnes dialoguent dans un local de service après-vente.)

    — Bonjour, monsieur, qu’est-ce qui se passe ?
    — Oui. C’est inadmissible. Ce répondeur téléphonique, qu’on m’a offert pour mon anniversaire, ne fonctionne pas.
    — Ah ! c’est assez surprenant. On n’a jamais eu d’ennui avec ce genre d’appareil.
    — Regardez-moi cette notice ! On n’y comprend rien ! Impossible d’enregistrer le message d’appel !
    — Excusez-moi. Vous avez bien mis l’appareil sous tension ?
    — Vous vous moquez de moi ! Comment osez-vous ? Je ne vous permets pas. Vous me prenez pour un imbécile. Ça ne va pas se passer comme ça. Appelez-moi le directeur.


    QUESTIONS

    1. Dans quelles circonstances ces paroles sont-elles prononcées ?
    2. Quel rapport existe entre les interlocuteurs ?
    3. Quelles formes grammaticales, quel vocabulaire permettent d’exprimer les reproches ?


    POUR FAIRE DES REPROCHES

    1. Le vocabulaire à employer

    les verbes

    courant : reprocher, reprendre, gronder, houspiller, faire la leçon, faire la morale, critiquer, faire honte…
    soutenu : blâmer, admonester, sermonner, morigéner, tancer, chapitrer, dire son fait, incriminer…
    familier : attraper, disputer, savonner, laver la tête, passer un savon, enguirlander, secouer les puces, river son clou, clouer le bec, rentrer dans le chou, tomber sur le casaquin, (le paletot), voler dans les plumes, mettre dans les gencives…

    Les expressions

    Je n’admets pas… — Je ne supporte pas… — Je ne vous permets pas de… — Tu m’as menti (désobéi, fais mal…) — Tu as eu tort… — Après tout ce que j’ai fait pour toi !
    Tous les défauts : ex : Tu es paresseux, sale, gourmand, vaniteux, égoïste, indiscipliné, faible, lâche, ingrat !…


    2. Les formes grammaticales

    L’obligation : imparfait/conditionnel

    — Il ne fallait pas faire… — Il fallait faire… — Tu aurais dû… — Tu n’aurais pas dû… — Tu devais…

    Ne… que :

    — Tu ne penses qu’à toi. — Tu ne dis que des bêtises. — Elle ne parle que d’elle-même.

    L’intensité :

    — Tu parles trop ! — Tu exagères ! — Ça suffit ! — Assez ! — Tu sais que ce n’est pas très gentil de… ; pas beau de… — Tu n’as pas assez travaillé. — Ce que tu as ronflé cette nuit !

    Les adverbes : toujours, jamais…

    — Tu ne viens jamais me voir. — C’est toujours moi qui écris. — Je vous ai déjà dit… ai dit plusieurs fois… maintes fois…….. — Je ne cesse de vous répéter…

    Fausse interrogation (On n’attend pas de réponse) :

    — Je me demande comment tu as pu… — Comment as-tu pu oser faire cela ? — Comment oses-tu ? — De quel droit as-tu fait cela ? — C’est bientôt fini ? — T’as vu ta tête, aujourd’hui ?

    Certaines expressions familières exclamatives :

    — J’en ai marre ! — Ça suffit ! — Ne vous gênez pas ! — Et alors ! — Ah non ! ça alors ! — Non, mais dites donc ! — Pour qui tu te prends ! — Tu ne t’es pas regardé !

    La négation :

    — Ce n’est pas un travail, ça ! — Ce n’est plus une classe ! — Tu n’es pas un homme !


    3. Les figures de style

    Certaines comparaisons et métaphores stéréotypées :

    — Tu écris comme un chat ! — Tu manges comme un cochon ! — Tu ressembles à ton père ! — On dirait un voyou. — Qu’est ce que c’est que ce cirque ! — Tu es bête à manger du foin ! — Tu mens comme tu respires !

    Les proverbes :

    Ils permettent d’exprimer des reproches dans des situations très précises :
    — Qui vole un œuf vole un bœuf. — Qui se ressemble s’assemble. — Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. — Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. — L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. — Tel père tel fils ! — Atteler la charrue avant les bœufs. — Les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs.


    L’ironie (antiphrase) :

    — Faites comme chez vous ! — Vous voulez mon portefeuille (sans doute ? peut-être ? aussi ?) — Allez-y, ne vous gênez pas !

    Reproches implicites (déguisés) :

    — Ça sent la fumée ici ! — Tiens il n’y a plus de chocolat ! — Plus rien à boire ? à manger ?


    EXERCICES

    Improvisez les scènes suivantes en utilisant le vocabulaire et les formes grammaticales de la leçon :

    1. Un père de famille lit le bulletin trimestriel de son fils. Les résultats sont très mauvais.

    2. On vient de prendre la place de parking qu’un automobiliste guettait depuis un quart d’heure.

    3. Une mère reproche à son fils d’arriver en retard au repas : — elle est d’abord calme — elle devient ironique — elle s’énerve.

    4. Un frère aîné reproche à son jeune frère de lui prendre toujours ses affaires (vêtements, jeux, articles de sport, disques, cassettes).

    5. Votre cousine vous téléphone pour vous reprocher de ne pas lui avoir donné de vos nouvelles depuis un mois.

    6. Le professeur rend un devoir. Il reproche à ses élèves de n’avoir pas fait les recherches demandées, d’avoir passé trop peu de temps sur le travail…

    7. Deux personnes jouent aux cartes : l’un reproche à l’autre de mal jouer, l’autre lui reproche de tricher.

    8. Un copain est furieux : on lui a caché son sac juste avant le début des cours. Il ne sait pas qui lui a joué ce tour.
    9. Une vieille dame est bousculée en montant dans l’autobus.

    10. Les voisins font la fête sans avoir prévenu. Il est quatre heures, vous devez vous lever à six heures…


    Retenons

    Le reproche s’adresse toujours à une personne présente dans une situation de communication directe. Lorsqu’on parle de quelqu’un d’absent, il s’agit non d’un reproche mais d’une critique.

    Faire des reproches c’est s’arroger une forme d’autorité sur quelqu’un.

    Le choix des formules dépend du degré d’autorité que l’on s’accorde. L’ironie, les proverbes, les reproches implicites permettent de masquer plus ou moins cette relation d’autorité.