-
La lettre privée
La lettre privée
Observation
Mon cher Papa
Sais-tu que mon porte-monnaie se porte très mal ? Si tu tardes à venir à son secours, il va mourir de faim.
Bien que ta lettre m’ait un peu peiné, ne crois pas que j’en aie la moindre mauvaise humeur. Je serai toujours en reste avec toi. Si tu pouvais lire en moi, tu verrais que ce qui m’occupe encore plus, c’est l’opinion que tu peux avoir de moi, et je voudrais bien ne plus dépendre de ta bourse pour te le dire sans qu’on puisse croire à une arrière-pensée.
J’avoue qu’il me faut une certaine audace pour me tourner une fois de plus de ton côté. Après t’avoir affirmé tant de fois que je voulais désormais me suffire à moi-même, je viens encore te demander 500 francs. Je ne te crie pas que ce sont les derniers, tu ne me croirais probablement pas, mais ma conviction est que ce sont les derniers, et pour bien des motifs.
Malgré tes opinions sur la valeur d’une lettre, tu dois trouver que j’écris rarement. C’est qu’il m’a fallu, ces derniers temps, regarder jusqu’à l’achat d’un timbre. Je n’exagère pas. Je pourrais entortiller ma requête dans une foule d’explications : j’aime mieux te demander simplement si tu ne peux pas m’avancer 600 francs.
Si tu as fait des économies, papa, ne te gêne pas. La poste met à ta disposition, au choix, un tas de jolis petits mandats préparés.Questions
1. Quel est le but de cette lettre ?
2. Comment la demande est-elle présentée ? Cette demande est-elle fréquente, d’après le texte ?
3. Comment qualifiez-vous le ton général de la lettre ?
4. Le texte de la lettre vous paraît-il bien adapté à son but ? Pourquoi ?****************************
Leçon
1. Les règles
La lettre privée obéit à quelques règles
— elle est manuscrite, sur papier libre, éventuellement coloré ou de fantaisie ;
— elle est localisée et datée, en haut et à droite, afin de préciser la situation d’énonciation ;
— elle est signée lisiblement ;
— elle comporte des formules d’appel en introduction et de politesse en conclusion.
2. Le style et le ton
La lettre privée est spontanée, libre, sincère. Elle révèle la personnalité de l’émetteur et fuit la froideur, le verbiage, les formules toutes faites.
Rédigée avec soin, elle témoigne des égards que l’émetteur doit à son destinataire : une écriture lisible, des paragraphes, une orthographe et une ponctuation soignée.
Quel que soit le destinataire, on évite l’abus de l’argot, le style relâché, les ambiguïtés, les ratures.
L’affection, l’amitié, la connivence s’expriment par l’humour, la fantaisie, la poésie. La fonction expressive du langage (voir p. 00) est ici mise en œuvre. ici s’expriment les sentiments, les opinions, l’humeur, l’humour.
3. Les formules d’appel et de politesse
Beaucoup de nuances s’expriment par ces formules, selon les rapports sociaux, amicaux ou les sentiments qui existent entre les correspondants.4. Les codes sociaux
• Dans la mesure du possible, on évite de commencer une lettre privée par « je ». On peut utiliser de nombreuses formules : « Voici bien longtemps que je ne t’ai pas écrit… ; Ta lettre est arrivée hier… ; Pardonnez-moi mon silence… ; Permettez-moi de vous écrire… »
• Au début, plutôt qu’à la fin de la lettre, on demande des nouvelles de son correspondant : santé, études, soucis, occupations…
• On évite d’écrire dans les marges transversales, ce qui rend la lecture difficile et semble indiquer que l’on veut économiser une nouvelle feuille.
• Mieux vaut éviter les post-scriptum qui ressemblent à des oublis. En revanche, on doit remplir une page entamée presque à moitié avant de signer.