• Une cigarette = 8 minutes d'espérance de vie perdue

    Un paquet de cigarettes = 2h40 mn d'espérance de vie perdue

    Hypothèses :

    Perte d'espérance de vie par fumeur : 4 ans = 2 102 400 minutes
    Consommation moyenne par fumeur : 15 cigarettes ou équivalent par jour pendant 50 ans = 273 750 cigarettes

    Résultat :

    1 cigarette = 2 102 400 divisées par 273 750 = 8 minutes d'espérance de vie perdue

    Le tabac tue la moitié des consommateurs !

    Cause majeure de morts évitables en France

    La consommation de tabac est responsable d'environ 60 000 morts par an en France, soit plus de 10 % de tous les décès. Il n'existe pas d'effet de seuil, c'est-à-dire que toute consommation de tabac est néfaste pour la santé. Les décès dus au tabac se répartissaient en 1995 de la manière suivante :

    • 31 500 par cancers (de la bouche, la gorge, le poumon, l'œsophage, le pancréas, le rein, l'estomac, le col de l'utérus, la vessie...)
    • 13 700 par maladies cardiovasculaires (cardiopathies, accidents vasculaires cérébraux, maladies vasculaires périphériques)
    • 11 000 par maladies respiratoires (broncho-pneumopathies chroniques, autres maladies respiratoires)
    • 3 800 pour d'autres causes

    Les fumeurs comme les non-fumeurs croient pour la plupart être suffisamment informés sur le tabac et connaître ses risques pour la santé. Les dangers liés au tabac sont cependant mal connus par la plupart des fumeurs. Selon une étude réalisée par l'observatoire régional de santé d'Ile de France :

    • 30 % des fumeurs croient que fumer ne diminue pas l'espérance de vie (l'espérance de vie des fumeurs est diminuée de 4 ans, et de 8 ans pour les grands fumeurs)
    • La plupart des fumeurs ne savent pas que le tabac augmente les risques cardio-vasculaires, les cancers de l'estomac, de la vessie ou du rein
    • En moyenne, les fumeurs croient que la consommation de tabac est dangereuse à partir de 8 cigarettes par jour, alors qu'en réalité il n'existe aucun effet de seuil et qu'une cigarette par jour peut être mortelle
    • Seulement 30 % des fumeurs savent que fumer du tabac est plus dangereux que fumer du haschich (cannabis)
    • Seulement 45 % des fumeurs savent que fumer du tabac est plus dangereux que la pollution de l'air (l'espérance de vie des personnes vivant dans les villes polluées diminue de 1 an contre 4 ans pour les fumeurs)
    • 30 % des franciliens pensent les décès par overdose sont plus nombreux que ceux liés au tabac (120 décès par overdose en France en 2000, contre plus de 60 000 décès liés au tabac soit 500 fois plus)
    • 60 % des fumeurs croient que vivre au grand air protège des maladies liées au tabac, et 60 % que le sport compense les effets du tabac (ces deux croyances étant fausses)

    Les conséquences pour les fumeurs

    Le tabac est le seul produit autorisé qui, utilisé chaque jour, tue la moitié de ses consommateurs.

    La consommation de tabac diminue l'espérance de la vie des fumeurs de 4 ans en moyenne. Un fumeur sur quatre décède d'une maladie causée par le tabac, mais à partir de 40 ans la mortalité des fumeurs est le double de celle des non fumeurs. Les personnes décédant suite à leur consommation de tabac perdent en moyenne 15 ans de vie.

    Les conséquences pour ceux qui fument depuis longtemps

    Ces chiffres s'aggravent fortement avec la durée de consommation de tabac. Un fumeur régulier sur deux ayant commencé à fumer pendant l'adolescence décède à cause du tabac. En ce qui concerne le cancer du poumon, les modèles de risque montrent que l'excès de risque par rapport à un non-fumeur est proportionnel :

    • au carré de la quantité fumée par jour
    • au nombre d'années pendant lesquelles la personne a fumé, élevé à la puissance 4,5 !

    Pour ne pas mourir de cancer du poumon, il est donc essentiel de ne pas différer la décision d'arrêter de fumer. Une diminution de 19 % du nombre d'années pendant lesquelles la personne a fumé divise par deux le sur-risque de cancer du poumon.

    La table qui suit donne des exemples de durée de consommation et la probabilité correspondante de décéder d'un cancer du poumon dû à la cigarette (moyenne en France : 15 cigarettes par jour pendant 46 ans, une chance sur deux de mourir de la cigarette, une sur quatre de cancer du poumon) :

      Probabilité de décès par cancer du poumon
      10 % 25 % 50 %
    5 cigarettes par jour pendant 61 ans    
    10 cigarettes par jour pendant 45 ans 55 ans  
    15 cigarettes par jour pendant 38 ans 46 ans 54 ans
    1 paquet par jour pendant 33 ans 40 ans 47 ans
    2 paquets par jour pendant 24 ans 30 ans 35 ans

    La table qui suit donne l'âge auquel une personne ayant commencé de fumer à 16 ans a une probabilité donnée d'avoir décédé de cancer du poumon dû à la cigarette, pour divers niveaux de consommation journaliers :

      Probabilité de décès par cancer du poumon
      10 % 25 % 50 %
    5 cigarettes par jour jusqu'à 77 ans    
    10 cigarettes par jour jusqu'à 61 ans 71 ans  
    15 cigarettes par jour jusqu'à 54 ans 62 ans 70 ans
    1 paquet par jour jusqu'à 49 ans 56 ans 63 ans
    2 paquets par jour jusqu'à 40 ans 46 ans 51 ans

    Consommation en France

    En France, 28 % des adultes de plus de 26 ans fument tous les jours (32 % des hommes, 24 % des femmes), avec une consommation moyenne de 15 cigarettes par jour (16 pour les hommes, 14 pour les femmes). De leur côté, 30 % des jeunes de 12 à 25 ans fument en moyenne 10 cigarettes par jour.

    Dans l'ensemble, la consommation augmente régulièrement avec l'âge, au fur et à mesure que les fumeurs deviennent plus dépendants du tabac.
    La table suivante donne par tranche d'âge le pourcentage des Français déclarant fumer au moins une cigarette par jour (baromètre santé 2000).

    On y constate que les jeunes filles fument aujourd'hui plus que les garçons, un phénomène inquiétant qui fait craindre à l'avenir une baisse de l'espérance de vie des femmes en France (seulement 3 000 femmes meurent chaque année de la cigarette pour 57 000 hommes, mais ce bilan va probablement s'équilibrer dans les décennies à venir).

    Tranche d'âge Hommes Femmes
    12 – 13 ans 1,6 % 1,8 %
    14 – 15 ans 12,6 % 21,2 %
    16 – 17 ans 32,2 % 32,6 %
    18 – 19 ans 41,0 % 39,3 %
    20 – 25 ans 43,4 % 37,3 %
    26 – 34 ans 45,2 % 37,2 %
    35 – 44 ans 39,9 % 33,3 %
    45 – 54 ans 27,7 % 22,2 %
    55 – 64 ans 22,4 % 11,1 %
    65 – 75 ans 15,4 % 7,1 %

    Les conséquences pour les fumeurs passifs

    On estime que 1,1 million de personnes sont exposées passivement au tabac à leur lieu de travail 75 % du temps, et plusieurs millions en famille (par le conjoint ou les parents). L'académie nationale de médecine estimait en 1999 le nombre de morts annuels victimes de l'exposition passive au tabac à 2 800. Ce chiffre est probablement sous-estimé, si on le compare avec ceux obtenus par les études anglaises et américaines sur le même sujet, et le chiffre retenu ici est de 3 200.

    Selon le rapport du groupe de travail « tabagisme passif » de la direction générale de la santé publié en 2001, l'exposition passive à la fumée du tabac provoque une augmentation des risques suivants :

    • infections respiratoires de l'enfant (+ 72 % si la mère fume)
    • otites récidivantes de l'enfant (+ 48 % si les 2 parents fument)
    • crise d'asthme et râles sibilants chez l'enfant
    • retard de croissance intra-utérin et petit poids de naissance (si la mère est enfumée par son entourage),
    • mort subite du nourrisson (+ 100 %)
    • accidents cardiaques coronariens (+ 25 %, cause la plus importante en nombre de victimes)
    • cancer du poumon (+ 26 %)

    On suspecte de nombreux autres effets sans avoir de preuves scientifiques définitives : maladies bénignes, aggravations de maladies ou de cancers. Les personnes suivantes sont particulièrement sensibles à l'exposition passive au tabac :

    • Les nouveau-nés et les fœtus (exposition si la mère fume ou si elle est elle-même exposée passivement au tabac)
    • Les malades respiratoires (asthmatiques, bronchitiques)
    • Les cardiaques (coronariens)
    • Les personnes faisant un travail de force (respiration jusqu'à six fois plus importante)

    Des moyens de prévention ridiculement faibles

    La France consacre des moyens ridiculement faible à la prévention de la consommation du tabac, comme le montre le tableau ci-joint, qui détaille pour 2002 les subventions et dépenses publiques (Etat et assurance maladie) de lutte contre le tabac :

    Organisme Dépense (Euros)
    Subventions aux associations de lutte contre le tabac (direction générale de la santé) 417 855
    Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins 2 130 000
    Mission Interministérielle de Lutte
    contre la Drogue et la Toxicomanie
    Difficile à évaluer
    Assurance maladie 16 007 146
    Total des dépenses publiques : 18 555 003

    Dans l'ensemble, on peut identifier environ 18,5 Millions d'Euros pour la lutte contre le tabac en provenance de l'Etat et de l'Assurance maladie, soit 0,3 Euros par Français ou 0,21 % du total des recettes fiscales des ventes de tabac !

    L'aspect dérisoire des moyens employés pour prévenir le tabac en France apparaît également quand on sait qu'en 2000, les Français ont dépensé plus de 140 milliards d'Euros pour leur santé, soit environ 10 % du produit intérieur brut !

    La prévention du tabac ne représente donc que 0,013 % des dépenses de santé, alors qu'il s'agit de la première cause de mortalité évitable.

    Répétons le encore : les Français et en particulier les fumeurs sont très mal informés sur les conséquences réelles de leur consommation, et l'impact d'une prévention bien organisée serait très fort, en particulier sur les jeunes.


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